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À moi

J’ai fait une terrible erreur.

Je la regrette vivement.

La semaine passée, après une attaque guanesque sur un joli pull en cachemire qui n’avait rien demandé, je vous révélais innocemment que les gabians avaient leur propre langage.

Je n’aurais pas dû. En signe de représailles, ils ont décidé de pousser leurs tentatives d’intimidations encore plus loin.

Non contents de vouloir me subtiliser mon déjeuner (note à moi-même, arrêter de manger sur le Vieux Port), j’ai maintenant l’impression qu’ils forment un gang et qu’ils me suivent où que j’aille. Ils savent même où j’habite. Tous les matins, je suis réveillé par de grandes esclaffades venant de dehors.

Le chef du gang, Gaétan le gabian, est le plus téméraire d’entre eux. Je le reconnais grâce à son regard froid et calculateur ainsi qu’à la cicatrice en forme d’éclair sur son œil droit. Je l’ai vu un jour descendre en piqué et fondre sur un rat, pourtant bien alimenté. Le rat n’a eu aucune chance. Gaétan le saisit par la queue et a repris son vol. Il est certainement allé le tremper dans l’huile puis dans l’eau. Mais je ne suis pas certain qu’Ezra le rat soit devenu un escargot tout chaud.

Dorénavant, j'ai peur. Des visions d’horreur accompagnent le moindre de mes pas en extérieur. Je crains de me faire poursuivre pour une horde enragée de goélands. Un peu comme dans Le Monde de Nemo.