Arrêtons la mauvaise langue
L’apprentissage récent de l’origine du mot baragouiner m’a donné envie de rétablir une vérité parfois oubliée des chantres du Nationalisme. Qu’est-ce qu’ils peuvent nous escagasser ceux-là…
Contrairement à ce qu’ils veulent nous faire croire, la généralisation de la langue française sur le territoire est toute jeune. Le français a été imposé dans le sang et les larmes de la Première Guerre mondiale.
Avant celle-ci, la « langue de la Cour » côtoyait les nombreuses langues régionales qui parsemaient le territoire français. Le gros de l’armée française était constitué de paysans des quatre coins de la France métropolitaine ainsi que de ses colonies. La plupart d’entre eux n’avaient jamais quitté leur bourg. Si le français leur était inculqué à l’école, ils n’en n'avaient qu’une utilité limitée. La maitrise de leur langue régionale leur était bien suffisante, reléguant le français au second plan.
Le breton était si éloigné du basque ou de l’occitan que les poilus de ces différentes régions peinaient à se comprendre entre eux. Ne parlons même pas de la compréhension des consignes de l’état-major. C’est donc le brassage de ces populations dans différentes unités et le service militaire qui a cimenté le français comme langue unique pour le pays.
À la fin de la guerre, les survivants emportèrent avec eux ce nouveau bagage linguistique et le disséminèrent rapidement dans leurs campagnes.
Le glas des langues régionales sonna pour de bon dans les années 1960 avec la généralisation des télévisions dans les foyers français et l’unification des pratiques.
Et pour ceux que cela intéresse, baragouiner vient d’une incompréhension parisienne quant à l’expression d’envies bretonnes. Les Bretons, récemment arrivés dans la capitale pour travailler, réclamaient dans leur langue du pain et du vin : bara et gwin.
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