Attention, sol glissant
Récemment, je suis tombé à vélo.
« Encore ?! » diront les mauvaises langues.
Oui.
Encore.
Or cette fois, il n’y avait personne à incriminer directement. Aucun autre usager de la voie publique ne m’a mis en danger. Ni même moi. J’ai, comme toujours, ne t’inquiète pas maman, fait preuve de toutes les précautions possibles.
Non, cette fois, la chute a été causée par le revêtement détrempé de la voie que j’empruntais. Un revêtement, assez caractéristique des pistes cyclables, dont la couleur verte est censée indiquer clairement aux autres usagers qu’ici, les vélos ont la priorité. Un revêtement qui venait d’ailleurs d’être repeint quelques semaines auparavant.
Après avoir juré comme un charretier et désincrusté quelques graviers de ma main, je me suis remis en route. Mon genou gauche grinçait dans mon pantalon, déchiré et trempé. J’étais d’une humeur radieuse. Ça allait être une bonne journée.
Hasard du calendrier, le lendemain de ma chute paraissait une enquête vidéo sur le danger des bandes blanches pour les cyclistes.
J’y ai appris que contrairement à la chaussée (réservée aux véhicules à quatre roues), le revêtement des pistes cyclables ne serait soumis à aucune réglementation.
Pour la chaussée, il est obligatoire d’utiliser des peintures spécifiques et d’y adjoindre des charges antidérapantes sous la forme de petits éclats de verre, réduisant, de fait, le risque de glissade. Il existe cinq niveaux d’antiglissance, le plus élevé étant destiné aux autoroutes. Or aucune norme n’encadre le type de peinture utilisé sur les pistes cyclables indépendantes de la chaussée.
J’y ai aussi appris qu’un arrêté interministériel de 1963 n’autorise que deux couleurs sur la chaussée : le blanc et le jaune (bleu et rouge étant toléré pour, respectivement, le stationnement et les voies de détresse). Il n’y a en revanche aucune réglementation concernant les aménagements en dehors de la chaussée.
La piste cyclable sur laquelle j’ai glissé étant sur le trottoir, l’aménageur a légalement pu choisir de la matérialiser comme il le souhaitait. En l’occurrence, la peindre en vert. Et de ne pas y adjoindre de charge antidérapante, car, bien entendu, cela couterait trop cher.
Cette enquête n’a pas accéléré la guérison de mes quelques plaies et ne paiera pas la retouche faite chez la couturière. Elle sert simplement de rappel pour tous les cyclistes. Le vélo n’est pas la priorité des pouvoirs publics et ils ne nous le font bien ressentir.
Accessoirement aussi, de ne pas changer la direction de ses roues lorsque l’on se trouve sur de la peinture.
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