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Avoir le nez creux

Un visage, c’est plutôt simple à imaginer.

Deux oreilles, deux yeux, un nez, une bouche, plus ou moins de poils au-dessus et/ou en dessous de tout ça et parfois même à l’intérieur des organes suscités. Or, en creusant, les choses ne sont jamais telles qu’elles semblent. Ce que l’on pensait voir comme le nez au milieu du visage n’est en vérité qu’un tissu de mensonge éhonté.

Ce même nez, qualifié de roc, de cap, de péninsule par Cyrano, abrite deux entités distinctes et séparées par un tissu cartilagineux. Ces deux cavités nasales ne communiquent pas entre elles. Chacune a sa propre narine, ses propres poils et sa propre réserve de mucus.

Ce mucus a d’ailleurs bon dos. On l’accuse à tort d’être à la source d’un nez bouché alors que le coupable est ailleurs. Ce sont en réalité les tissus veineux érectiles, tapissant la surface interne d’une cavité nasale, qui, suite à une infection ou à une allergie, vont gonfler, rendant le passage de l’air plus difficile.

Et, oui, je parle de tissus veineux érectiles. On trouve les mêmes un peu plus bas dans l’anatomie. D’un coup, on comprend mieux d’où vient l’expression « tête de gland ».

Nos deux cavités nasales fonctionnent en équipe. Tandis qu’une narine va donner le meilleur d’elle-même, aspirer de l’air, capter les odeurs, etc., l’autre va se reposer en gonflant légèrement ses parois. Cela change à intervalles réguliers de quelques heures. C’est ce que l’on appelle le cycle nasal.

Ce repos leur est nécessaire dans la mesure où le nez travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il faut constamment oxygéner le corps humain. Il faut aussi veiller à ce que l’air soit réchauffé à 37°C, filtré et humidifié avant d’atteindre les poumons. Alors, tandis qu'une narine accomplit tout cela, l'autre fait gonfler ses muqueuses afin d'apporter plus de sang gorgé de cellules de défenses immunitaires qui permettent de la nettoyer.

Pour en revenir au cycle nasal, il est dit qu’il est contrôlable grâce à des récepteurs situés sous les aisselles. En appuyant sur les récepteurs de l’aisselle gauche, on ouvrirait la narine droite et vice-versa. Les scientifiques pensent que cela nous vient d’un instinct de survie ancestral. Alors que nos ancêtres dormaient à même le sol, ils étaient moins à même d’aspirer de la poussière en faisant fonctionner la narine opposée au flanc sur lequel ils étaient allongés.

 

Avec toutes ces connaissances et ce nouveau respect développé pour mon nez, j'y réfléchirai à deux fois avant d'insulter quelqu'un de gros nase.