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C'est dans la poche

L’année dernière, on fêtait les 70 ans du Livre de Poche. Un bel âge. Et pas un signe de faiblesse en vue. Le format poche demeure d’ailleurs un des principaux relais de croissance de l’industrie du livre en France.

N’en déplaise à cet homme particulièrement méprisant, je vais prendre le temps de rendre hommage à cette idée formidable.

Après avoir été à l’une des têtes pensantes de la Collection de la Pléiade, ces beaux livres et leur papier bible à destination des élites, Henri Filipacchi a souhaité démocratiser cette même littérature. Il a opéré un virage à 180° par rapport à son projet précédent, et s’est mis à proposer de la « grande littérature classique ou moderne » à prix tout doux.

Pour réussir ce pari, il s’est attaqué à un format jusqu’alors consacré au roman populaire, le poche. L’énorme avantage pour le lectorat est qu’il n’a plus besoin de s’encombrer avec de grands livres pour savoir si Sherlock Holmes parviendra à résoudre son énigme. Lecteurs et lectrices peuvent continuer à suivre les pérégrinations de leur héro préféré partout où ils vont.

Pour réduire les coûts de production, les livres sont imprimés sur du papier plus fin et dotés d’une couverture en papier cartonné. Autre particularité de ce format, il ne concerne que les rééditions de succès en librairie, déjà publiés dans un format plus grand.

Les éditeurs aiment d’ailleurs profiter de la sortie d’un nouveau livre d’un de leurs auteurs pour sortir le précédent en poche, pour faire coup double. Autrement, il faut attendre entre 12 et 18 mois pour qu’un succès d’édition (entre 8 et 10 000 livres vendus) passe en format poche.

Les auteurs abordent ce moment avec plus ou moins de philosophie, parce que cela veut dire qu’ils ont vendu beaucoup de livres et qu’ils accèdent à une collection accessible au plus grand nombre, mais aussi que leurs droits d’auteurs sur cet ouvrage vont diminuer proportionnellement au prix du livre.  

En 1953, un livre de poche coutait 2 francs, soit un peu plus qu’un journal mais moins qu’un magazine. Aujourd’hui, les prix ont augmenté mais sont toujours réglementés. C’est ce à quoi correspond la ligne Catégorie A, F3, LP4, etc. que l’on retrouve au dos du livre.

Pour en revenir à notre parisien du début d’article, les gens ont tous besoin de lire. Vive la prétention intellectuelle ! Quant au droit de mépris, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.