Comme dans un film
Cette histoire est digne des plus grands films d’Hollywood. De ceux qui ont à l’affiche les stars mondialement connues et qui promettent un torrent d’émotions. De l’amour, du rire, de la peur, de la tristesse, du désespoir.
Comme toute histoire contée par Hollywood, on se prend à espérer qu’elle se termine bien. Mais il est bon de se rappeler qu’il s’agit d’une histoire vraie. Et qu’en dehors du cerveau des scénaristes américains, les histoires se terminent rarement gaiement.
Celle-ci ?
Vous verrez bien.
Madeleine Elefant est née en 1921, à Montmartre, de parents polonais. Jacques Israel Goldsztejn, lui, est né à Varsovie en 1920 et est arrivé à Paris six mois plus tard. Comme tant d’autres émigrés juifs, les parents de nos deux protagonistes croyaient à l’adage yiddish Lebn vi Got in Frankraykh (Vivre comme Dieu en France).
Jacques et Madeleine se sont rencontrés enfants et ont commencé à se fréquenter. Quelques semaines après le début de la guerre, le 5 octobre 1939, ils se marient. Madeleine Elefant devient Madeleine Goldstein. Leur première fille, Rosette, voit le jour celui du printemps, le 21 mars 1940.
Suite aux lois antijuives d’octobre 1940, le couple décide de quitter Paris et de partir en Zone Libre, à Lyon. Désireux de lutter contre l’occupant et le régime de Vichy, ils s’engagent dans la résistance, au sein du réseau Périclès, dans l’Ain. Rosette est cachée chez une nourrice à Lyon et ils la retrouvent entre deux séjours dans le Maquis.
Lors d’une mission de liaison à Paris en janvier 1944, ils sont arrêtés par la Gestapo et passent trois mois à la prison de Fresnes. S'ensuivent un court séjour de trois jours à Drancy puis la déportation vers Auschwitz par le convoi n°72.
Dans son témoignage pour le Mémorial de la Shoah, Jacques Goldstein nous raconte "Sur le quai, on ouvre les wagons. Il y a les chiens, les SS, les hurlements, les coups de trique, les projecteurs. Je l'ai embrassée. Je ne l'ai plus revue."
Madeleine est envoyée à Birkenau, lui part pour Monowitz. Tous deux subissent l’horreur des camps mais tous deux survivent. À l’approche des Soviétiques, les camps sont évacués et ils doivent affronter les terribles Marches de la Mort.
Madeleine, épuisée par ces longues marches, tombe dans un fossé. Le soldat allemand chargé de l’abattre ne le fait pas. Elle survit.
Lorsqu’un char américain libère Jacques près de Weimar, il est mourant, atteint par le typhus et la dysenterie. Il est pris en charge par la Croix Rouge et transféré à l’hôtel Lutetia, qui servait de centre d’accueil pour une grande partie des rescapés des camps de concentration.
Il y apprend qu’une dénommée Madeleine Goldstein est rentrée vivante de Birkenau et qu’elle vient de partir retrouver sa fille à Lyon. N’en croyant pas ses oreilles, Jacques se rue hors de sa chambre, descend dans le hall de l’hôtel et se dirige vers le comptoir SNCF. Arrivé en bas, il tombe nez-à-nez avec Madeleine, qui dans l’espoir que Jacques ait survécu, souhaitait lui laisser un mot avant son départ de Paris.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur la vie du couple Goldstein, je vous encourage à lire On se retrouvera, le livre de Madeleine, ou de regarder leurs deux témoignages sur la chaine YouTube du Mémorial de la Shoah :
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