Complètement lunaire
Elle est là. Belle, ronde, sereine. Elle apporte suffisamment de lumière pour éclairer la nuit la plus sombre. Et fidèle avec ça. Quoi qu’il arrive, elle revient tous les 29 jours.
Avec la pleine lune de ce soir, j’aimerais consacrer mon écrit du jour à la fascination qu’exerce cet astre sur le genre humain, et ce, depuis la nuit des temps.
On la retrouve sous différents noms en tant que divinité dans de nombreuses cultures antiques : Sîn, Nanna(r), Khonsou, Chandra, Chang’e, Séléné, Luna, Coyolxauhqui, Tecciztecatl, Mama Quilla, et j’en passe. D’ailleurs, je vous offre une sucette Pierrot Gourmand si vous parvenez à relier tous ces noms aux bonnes civilisations.
La lune est très souvent appairée au soleil pour représenter le concept de la dualité : jour/nuit, yin/yang, luminosité/ténèbres, masculin/féminin. Avec cet univers féminin, on l’associe généralement à la fertilité, peut-être en raison de la forte similitude entre la périodicité de son cycle et celui menstruel de la femme. Par extension, la lune devient symbole de maternité.
Cette dimension cyclique a également servi d’instruments de mesure du temps. Une pierre gravée de 28 encoches, retrouvée lors de fouilles archéologiques en Italie, suggère que le premier calendrier lunaire daterait de -10 000 av. J.-C. Il s’est perfectionné depuis et a permis à de nombreuses civilisations de fructifier. Même si l’on ne peut plus vraiment parler de civilisation, le monde musulman s’en sert toujours pour représenter le temps qui passe.
Parmi les trois religions monothéistes d’aujourd’hui, l’Islam est sans doute la religion qui la vénère le plus. Une interprétation veut que la chaleur du désert d’Arabie était si écrasante en journée que Mahomet préférait se déplacer la nuit, la lune et les étoiles le guidant dans ses pèlerinages.
Plus qu’une source d’inspiration spirituelle, elle a aussi touché l’âme de nombreux artistes. On la retrouve pleine sur des estampes japonaises, un peu trouble chez Van Gogh, un obus dans l’œil pour Méliès. Le groupe Indochine a souhaité lui poser des questions. Elle n’a pas été très affable dans ses réponses. Alors son exploration a dû être imaginée. D’abord par Jules Vernes, puis par Hergé, avant d’être enfin effectuée par la NASA, le 20 juillet 1969. Cet événement a marqué une nouvelle ère dans l’observation de cet astre, qui aura occupé un nombre incalculable de scientifiques, dont les noms les plus connus sont Aristote, Ptolémée, Galilée.
Cet événement a peut-être aussi contribué à faire perdre toute aura négative à la lune. À ma connaissance, plus personne n’en dit du mal. Alors que son côté sombre était effrayant et qu’elle engendrait de terribles créatures lycanthropes, elle est maintenant affublée de quantité d’adjectifs, toujours positifs. Tendre, douce, loyale, lumineuse…
Ce soir, si le ciel le permet, prenez cinq minutes et passez votre tête par la fenêtre. Observez-la, pleine, généreuse. Peut-être que comme moi, vous ressentirez un léger vertige. N’est-il pas exaltant de se dire que cet acte tout simple est l’un des dénominateurs communs du genre humain. Qu’il est à la portée de tous, sans condition de moyen. Qu’il a été effectué par des centaines de générations avant nous et qu’il le sera encore des centaines après.
Et peut-être pourrions-nous donner à la lune une nouvelle symbolique. Un symbole d’universalité, de ralliement.
Parce qu’en ce moment, ça ferait drôlement du bien.
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