De l'air !
« Tu as l'air d'un homme engagé dans une lutte acharnée contre une flatulence imminente. »
Cette phrase est sortie de nulle part et a claqué dans l’air comme un éclair lors d’une chaude soirée d’été. D’ordinaire, Vlad en aurait ri puis loué l’esprit vif de son compagnon. Mais aujourd’hui, Vlad n’est pas d’humeur riante. C’est la dixième défaite de rang subie par son équipe de cœur.
Cette défaite lui fait mal physiquement, comme s’il était pris de violentes crampes d’estomac. Qu’est-ce que les années 90 paraissent lointaines. Ces années où son équipe était au sommet de l’Europe, où l’on pouvait parader avec son nouveau maillot et la petite étoile au-dessus du logo du club, symbole du Graal.
Aujourd’hui, elle est devenue la risée de tout le monde. Même dans sa ville, les gens semblent avoir perdu l’espoir de la voir gagner à nouveau. Le stade se vide. Doucement d’abord, mais hier, ça commençait à se voir. Assister à un tel désengagement le peine. Il ne parvient plus à partager sa passion. Maintenant, il a l’impression de passer pour un hasbeen quand il se prépare pour aller voir le match.
Alors oui, Vlad est en colère. Contre cette équipe qui ne marque plus, contre cet entraineur qui fait des mauvais choix tactiques, contre ce président qui ne fait pas les bons achats. Il est aussi en colère contre les autres gens. Ceux qui arrivent à vivre une vie normale en lendemain de défaite. Ceux qui osent lui demander, innocemment sûrement, s’il va bien. Évidemment que non ! Arrêtez de lui demander ça un lendemain de défaite.
Enfin, il est en colère contre lui-même. Parce qu’au fond de lui, il sait qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Le midi, avant le match, il y avait des flageolets à la cantine. Il en a repris trois fois.
C’est fatal pour un système digestif.
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