De l’uniformité de la contreculture
L’édition indépendante est un monde fascinant. Ces entreprises, souvent individuelles, sont capables d’audaces, tant au niveau du fond que de la forme. Je loue les innovations et la créativité dont elles font preuve pour chacun de leurs bouquins.
Elles parviennent à transformer leur petite taille, qui pourrait être vu comme un désavantage, en leur principale force. N’étant pas à même de faire des économies d’échelles pour l’impression de leurs écrits, elles ne s’embêtent pas à faire des milliers de reproductions identiques. Leurs œuvres deviennent protéiformes, à tirage limité et numéroté. Plus ces livres auront de petits défauts, plus les consommateurs les verront comme authentiques et accepteront de payer le prix fort.
Les objets littéraires qui proviennent de ces éditions détonnent dans le monde feutré des Gallimard, Acte Sud et autres Éditions de Minuit. Ils attirent l’œil sur les étals autrement parfaitement rangés d’une librairie traditionnelle. Il est facile de craquer pour ce petit ouvrage de quelques pages, dessiné et relié à la main, joliment mis en avant dans une petite boite en bois rare posée sur le comptoir.
Mais, mis côte à côte, le charme ne prend plus. Se rendre dans un salon de l’édition indépendante, c’est prendre conscience du peu d’idées et du carcan dans lequel la plupart de ces entreprises se sont elles-mêmes enfermées, tout cela pour rester à la pointe de la tendance et de continuer à surfer sur les dernières polémiques Twitter.
Ce petit monde qui prône le trash et le choquant, suit bien sagement les codes dictés par les grandes maisons. Ils ont le même entre-soi, partagent des références obscures pour le quidam et ont le même dédain pour qui ne les saisit pas.
S’il y a bien une chose que les éditions indépendantes osent reprendre à leur compte de la part des éditions classiques, c’est le tarif de leurs ouvrages. À en faire rougir les éditeurs de La Pléiade.
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