Des scènes à la Martin Parr
Première journée estivale à Marseille. Ce dimanche 14 avril ressemblait à un samedi de juillet.
Le thermomètre flirtait avec les 25°C, la queue devant les glaciers n’en finissait pas, les torses nus exposant des couleurs vanille fraise s’exhibaient fièrement.
Au fil de la matinée, la plage se noircissait de monde. Tant et si bien qu’il a fallu plier bagage et chercher un coin moins connu, plus difficile d’accès, pour nous aussi profiter de la fraicheur de la Méditerranée.
Direction les rochers du côté du Chemin du mauvais pas.
C’est là-bas que l’on retrouve les Marseillais, ceux qui ne vont pas à la plage pour parader. Ces personnes veulent profiter de l’azur et du soleil sans être entassées les unes sur les autres.
Le bruit de leurs claquettes chaussettes trahit leur arrivée.
Moi qui suis plutôt adepte d’un petit plouf et puis s’en va, j’admire la logistique et les efforts déployés par ces personnes pour leur virée à la mer.
Elles viennent avec une énorme bouée gonflable, des chaises pliantes en plastique, un barbecue portatif, une glacière qui dégueule de bières et d’Orangina ainsi que de quelques packs de merguez achetés chez le boucher juste au-dessus. Dans le sac de jute que porte la figure maternelle, on aperçoit aussi quelques paquets de chips.
Après avoir déterminé l’endroit où elles allaient s’installer, ces personnes retirent rapidement leurs vêtements, laissant apparaitre des maillots de bain couleurs criardes. On entend le pschit pschiit d’une crème solaire s’activer. La fille dit qu’elle veut que son bronzage soit parfait pour la prochaine soirée Cagoles nomades. L’odeur de monoï empli l'air.
Après cinq minutes de pause bien méritée et une bière rapidement engloutie, la figure masculine dominante se lance dans la préparation du barbecue. Il s’arme d’un grand morceau de carton qui trainait là pour que les braises se consument plus vite.
Le fils, lui, vient de terminer de préparer ses lignes. La partie de pêche peut commencer. Son père lui dit qu'il n'a aucune chance de trouver quoi que ce soit ici et qu'heureusement qu'il a prévu des chipos pour le déj. Son fils lève les yeux au ciel et monte le son de son enceinte qui débite le dernier album de Jul.
La mère tente de mettre son corps dans l’eau mais se ravise rapidement : « Elle est glaciale. J’avais oublié qu’on était qu’en avril. »
Le photographe britannique Martin Parr s’en serait donné à cœur joie.
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