Être clément
Elle est là, devant toi. Elle illumine la pièce de sa belle couleur orange. Sa présence solaire rassérène. Le parfum qu’elle dégage est divin. Chaque moment en sa compagnie est à savourer. Alors, tu salives d’avance. Tu repousses le moment fatidique.
C’est un moment de grâce. Tu souhaites lui rendre honneur. Empli de gratitude, tu marmonnes quelques prières avant d’enfin te lancer.
Tu approches ta main droite de la corbeille de fruit vers la clémentine la plus pimpante. Mais dès le premier contact, tu sens que quelque chose ne va pas. La peau de cet agrume, que tu avais imaginée tendue et rebondie, est toute flasque. C’est mauvais signe.
Tu palpes les autres mais te rends rapidement compte qu’elles sont toutes dans le même état. Aïe. Ton enthousiasme en prend un coup. Tu retournes vers la première.
La mollesse de la peau rend le fruit difficile à peler. Un coup d’ongle mal placé va même jusqu’à endommager la chair d’un des quartiers. Tu grimaces.
Une fois débarrassée de son écorce, tu détaches un premier et le met en bouche. C’est une déception énorme. Là où tu attendais une grande acidité pour raviver tes papilles après ce repas trop lourd, tu n’as qu’un goût mi-sucré, mi-insipide. Pire encore, cette clémentine parait toute sèche. Il n’y a presque pas de jus.
C’en est trop pour toi. Ce qui devait être un concentré de joie se révèle être une trahison éhontée. De rage, tu ne prends même plus le temps de décortiquer le reste de la clémentine pour en retirer les filaments blancs. Tu l’engloutis en deux bouchées et va chercher la plaquette de chocolat en quête de réconfort.
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