Vis ma vie d’homme de main d'un film américain
Johnny était un homme imposant. Avec son mètre quatre-vingt-dix et ses cent kilos, c’était un beau bébé. Et pas un pet de gras. Que du muscle.
Johnny a toujours été très sportif. Il rêvait de devenir joueur professionnel de hockey, mais une blessure à l’âge de 17 ans l’a coupé dans son élan. Complètement dépité, il a sombré dans la drogue et l’alcool.
Pour pouvoir se les procurer, Johnny cumulait les petits boulots de videur et de garde du corps de célébrités locales. Le petit pouvoir associé à ces fonctions l’envoyait aux anges.
Malgré ses addictions, il a toujours réussi à entretenir son impressionnante musculature. Une fois remis de sa blessure, Johnny s’est inscrit dans un club de boxe. Il était bon et a tapé dans l'œil du propriétaire du club.
Ce qu’il ne savait pas, c’est que ce club de boxe servait de couverture pour le magnat de la drogue Igor Ivanovitch Petrouchka.
Le jour où Johnny n’a pas pu payer son loyer, il est allé le trouver pour lui demander du boulot. Au départ, ce n’était que des petites missions de convoyage et de surveillance. Rien de bien compromettant. Johnny était très bon à ce qu’il faisait.
On lui a rapidement confié plus de responsabilité. Et une arme. Un 9mm, comme dans les films d’action qu’il regardait petit. Alors Johnny a commencé à prendre son rôle au sérieux. Quelques coups d’éclat plus tard, il s’est mis à accompagner Igor Petrouchka partout où il allait.
Dans le même temps, Antonio Barolo, nouvellement arrivé de Sicile, occupait de plus en plus de place en ville. Simple malfrat rusé, il réussit à fédérer autour de lui toutes les personnes ayant une dent contre Igor Ivanovitch Petrouchka.
Une guerre de gang sanglante débuta. Les journées de Johnny étaient exaltantes. Il fallait veiller à la sécurité de son patron 24h sur 24, aller de planque en planque, organiser des camouflets vis-à-vis de l’organisation d’Antonio Barolo.
Cette exaltation était entretenue par les doses phénoménales de cocaïne qu’il se fourrait dans le nez. Si bien qu’il ne fit pas attention à l’étrange configuration des camions stationnés sous le QG d’Igor, ce soir de décembre pluvieux.
En sortant fumer sa clope, Igor entendit un coup étouffé et ressentit un liquide chaud couler le long de sa tempe. En s’affalant au sol, il ne put qu’observer la douzaine d’hommes lui passant par-dessus.
Ainsi va la vie d’un homme de main d’un film américain. Avec un peu de chance, il sera mentionné en tant qu'homme de main #5 dans le générique de fin.
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