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La finance à la rescousse

Vous avez vu ces créatures ? Elles sont mignonnes non ?

J'ai eu la chance de voir des orang-outans par le passé. C'était dans une réserve sur l'île de Bornéo. J'y avais passé la journée. Ce qui m'avait le plus frappé, c'était leur regard. Là où mes congénères ont parfois un regard bovin, celui de ces grands singes était très intense, très humain.

Les orang-outans sont endémiques à deux îles du Pacifique, Bornéo et Sumatra. Ils figurent depuis un certain temps sur les listes d'animaux en danger critique d'extinction, en raison, de l'activité humaine et des nombreuses plantations en monoculture de palmiers à huile, qui détruisent petit à petit la forêt primaire des deux îles. Ces grands singes font désormais l'objet de nombreux programmes de conservation.

Sachant cela, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre la décision du gouvernement indonésien de déplacer sa capitale Jakarta à Bornéo.

Jakarta, situé en bord de mer sur l'île de Java, est une ville qui grouille de monde, avec, en 2022, plus de 11 millions d'habitants au compteur. C'est la première ville de cette importance à faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Des inondations chroniques sapent les fondations de la ville et conduisent le gouvernement indonésien à réfléchir sérieusement à plier bagage.

Et plutôt que de partir s'installer dans une ville déjà existante, comme Surabaya, deuxième ville du pays, aussi sur Java ou Medan, à Sumatra, le gouvernement a décidé de construire une toute nouvelle cité en plein milieu de la forêt primaire de Bornéo. La nouvelle capitale, qui devrait être inaugurée en grande pompe courant août, s'appelle Nusantara. D'ici à 2045, elle devrait accueillir près de 2 millions de Jakartanais et devrait être une ville verte, avec 100% d'énergie renouvelable...

Jokowi, le président actuel indonésien, se réjouit de sa future capitale-forêt. Il remue terre et ciel pour trouver suffisamment de fonds afin de continuer sa construction. Or les investisseurs commencent à manquer à l'appel. Ils ne croient plus en la viabilité du projet. Ils ont peur qu'avec le futur changement présidentiel prévu en octobre de cette année, le projet soit abandonné.

Dans toute cette histoire, personne ne semble avoir en tête nos nobles orang-outans. Pourtant, j'ai bon espoir d'avoir sous nos yeux un exemple dans lequel la finance (ou plutôt le manque de financement) pourrait être à la source de la protection d'une espèce en voie de disparition.