L'angoisse de la boulangerie
12h30, un samedi, dans la ville touristique de Vézelay. Me voici dans la queue de la seule boulangerie ouverte de la ville. J’ai faim.
Il y a un groupe de dix pèlerins devant moi. Le seul sandwich qui me fasse de l’œil est celui aux légumes du soleil. Je laisserai volontiers les jambon-beurre, rosette-emmental et pâté de campagne aux religieux.
Là où je pensais les fidèles organisés, je me rends vite compte qu’ils sont très dissipés. Chacun commande et paie à son tour. C’est long dix personnes. « Et votre sandwich, il est sans gluten ? Oh et pourquoi pas se faire plaisir, je vais vous prendre un peu de flan. Et une bouteille d’eau aussi ! Ah, on ne peut pas payer par carte ? Bon, je vais aller retirer de l’argent alors. »
Au bout de trois personnes, la tension monte. Il ne reste plus que deux sandwichs aux légumes provençaux. Je ne suis pas croyant mais je me mets à prier. « Vous qui êtes au Ciel, Faites que je ne me retrouve pas avec le sandwich thon-mayo-œuf dur. »
Quatre autres personnes passent. Il ne reste plus qu’un sandwich. Je sens l’haleine de mouette arrivée. Ça va faire désordre sur le vélo.
Plus qu’une personne. Elle hésite. Et elle a bien une tête de végétarienne. Je tremble. Heureusement, son choix se reporte sur la quiche chèvre épinard. Je pousse un ouf de soulagement.
Me voici face à la basilique avec mon sandwich tant espéré. Je le sors du papier cellophane et porte ma bouche à son contact.
Énorme déception, il est mauvais.
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