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Le Banquet Truculent

Il y a peu, j’ai assisté au spectacle repas Le Banquet Truculent, à la Ferme du Roy d’Espagne. Chef Ernest, véritable chef de profession, comme le prouve la toque sur sa tête, nous accueille dans la cour de la ferme. Armé d’un fouet en guise de micro, il donne ses consignes aux soixante-dix participants.

Car effectivement, il s’agit d’un évènement participatif. Nous avons pour mission d’élaborer ensemble un banquet pour clore la soirée. Banquet auquel nous serons naturellement conviés par la suite.

La particularité de ce spectacle consiste à mettre en lumière la disparité de la population humaine, d’accès aux ressources financières et aux ressources alimentaires. Et ce de façon tout à fait physique.

Une fois avoir réalisé à quel point l’Occident concentre richesses et ressources alimentaires, il est temps de mettre en place la plus grande réussite humaine à ce jour, le commerce international. Et nous voici, en tant que représentant du monde subsaharien, en train d’essayer de troquer nos maigres ressources alimentaires pour trouver un peu de riz ou quelques œufs.

Les comportements humains se révèlent, la mauvaise foi, le refus, le fait de penser à soi. Tout ressort. Et comment en vouloir aux autres ? Eux aussi ont besoin de se nourrir.

Une deuxième phase d’échange démarre. Et c’est maintenant que la magie marseillaise opère.

De manière spontanée, l’ensemble des tables représentants les continents convergent vers le milieu de la cour. Il est décidé de tout mettre en commun. Un coup d’œil à Chef Ernest me fait comprendre que cela ne faisait pas du tout parti du plan.

Il nous l’avoue quelques minutes plus tard. Il nous dit qu’il est un peu désemparé, qu’il avait encore une trentaine de minutes de prévues. Nous avons saboté son spectacle. C’est la première fois en deux ans que cela se produit. Ça a l’air de le toucher.

C’est un peu ça, l’effet Marseille. Sous des aspects parfois un peu rustres, c’est une tendre.