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Miroir, mon beau miroir

Les enfants sont un véritable miroir du genre humain. Les observer est un bon moyen de prendre conscience des qualités et défauts de notre espèce. Une scène récente m’en a encore donné la preuve.

Lors d’une balade, nous nous sommes rendus à un lac d’altitude pyrénéen. La montée s’est faite en T-Shirt, ce qui, à la fin décembre, est révélateur d’un tout autre problème dont nous parlerons une prochaine fois.

Arrivé en haut, nous avons eu la bonne surprise de trouver le Lac de Soum complètement gelé. Sa configuration naturelle toute ronde en fait une patinoire idéale.

Des enfants, après avoir rapidement ingurgité leur piquenique, se sont mis à s’intéresser au lac et à sa caractéristique glaciale. Pur objet de curiosité, ils ont commencé à jeter de petits cailloux sur sa surface gelée, afin de voir jusqu’où la glace pouvait tenir. Les cailloux grossirent jusqu’à ce qu’un premier enfant, le plus téméraire d’entre tous, se décida à y mettre un premier pied. Puis l’autre. Rassuré, il s’aventura gauchement sur la surface glissante, s’enfonçant de plus en plus loin.

J’avais déjà dégainé la caméra, prêt à immortaliser le moment où la glace cèdera inévitablement sous son poids, mais que nenni. La glace tint bon. Quelle déception.

Ceci est à mettre sur le compte de la curiosité, de l’esprit d’initiative et d’aventure propre à l’espèce humaine et c’est purement formidable. Mais l’être humain ne peut se contenter de contempler la beauté de la nature. Il faut qu’il cherche à prouver sa domination sur celle-ci.

Les enfants sont alors allés chercher leurs bâtons de marche et ont commencé leur entreprise de destruction dans un coin du lac. De manière minutieuse, ils ont réduit à néant en l’espèce de quelques minutes ce que l’altitude, le vent et le froid avaient mis de nombreuses journées à construire. Fini les jolis motifs sur la glace dans ce coin du lac. L’espèce humaine est là et elle compte bien le faire savoir.

Au bout d’un certain temps, l’un d’entre eux avance la phrase pleine de sagesse suivante : « Eh, ça ne vous dit pas de réparer le trou maintenant ? » Malheureusement, ce n’était pas le leader. Sa remarque a à peine été entendue par ses camarades. La destruction continue. Encore une fois, la violence l’emporte sur la voie pacifique.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, au triste constat de voir l’espèce humaine détruire l’environnement dont elle dépend pour vivre.

Mais il y a eu un dernier retournement, me donnant entière satisfaction. Le jeune téméraire évoqué plus tôt a finalement trop joué avec le feu. C’est une mauvaise idée quand on marche sur la glace. Elle céda enfin sous son poids, le faisant disparaitre quelques secondes sous la surface. Il remonta sur la berge, trempé et en pleurs.

Je ne pus réfréner un grand sourire face à sa mésaventure. La Pachamama est belle est bien la plus forte. Elle aura toujours le dernier mot.