Nadine, tu nous bassines !
En France, s’il existe un nom associé à la bienséance, c’est bien celui de Nadine de Rothschild. Cette ancienne actrice est devenue, depuis son mariage avec le baron Edmond de Rothschild dans les années 60, une figure de la haute bourgeoisie française. En tant que papesse de la mondanité, elle a dédié le restant de sa vie à diffuser ses connaissances sur les règles de savoir-vivre.
De nombreux ouvrages tels que Le Bonheur de séduire, l'art de réussir : le savoir-vivre du XXIe siècle ou encore Bonnes manières sont passés à la postérité grâce à elle. Dans ces livres, elle nous apprend comment nous assoir correctement, comment déclarer sa flamme, de quelle fourchette faut-il se servir pour telle pièce de poisson, etc.
On pense ce que l’on veut de ces règles. Pour certains, elles peuvent paraitre absurdes, pour d’autres, ce sont les garantes d’une vie en société fonctionnelle. Je n’ai pas d’opinion bien définie à leur sujet. Sauf sur une d’entre elle. L’interdiction de saucer son assiette.
Cette proscription m’est complètement incompréhensible. La sauce ou le jus est une partie intégrante d’un plat. Sauce et plat sont inséparables. Ils ne fonctionnent pas l’un sans l’autre. Interdire le fait de saucer un plat, c’est comme autoriser une personne à manger la croute d’un fondant au chocolat en lui défendant de toucher au cœur du gâteau. Une véritable ineptie.
Je trouve cela encore plus dérangeant dans la mesure que c’est l’un des éléments les plus importants de la cuisine française. On attribue souvent au Chef Auguste Escoffier l’établissement de la liste des cinq sauces mères de la cuisine française. De ces cinq sauces découlent toutes les autres. Et cela date de 1907. Depuis ce temps, l’un des postes les plus importants d’une brigade de cuisine est celui de maitre-saucier.
Remettre en question le droit de saucer son plat, c’est faire affront à plus d’un siècle de gastronomie. C’est mettre au rebut le travail d’un passionné. C’est condamner à la plonge une œuvre d’art.
Alors oui Nadine, je t’abomine.
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