Passe ton permis d’abord

« Tu me files ta San P stp ? »

C’est ce qu’on entend de plus en plus souvent devant les lycées des beaux quartiers marseillais. Non pas que l’eau pétillante y connaisse un regain de popularité. Non. Sans P, c’est aussi le surnom des voitures sans permis. Et elles sont partout. Des Ligier, des Aixam, et la petite dernière à la mode, la Citroën AMI.

Ne demandant qu’un simple BSR, il est possible d’en conduire une dès 14 ans. Et ça, la richesse dorée marseillaise l’a bien compris. Parmi les arguments en leur faveur, on retrouve le confort, la sécurité, la praticité, le nombre de places (deux légalement mais avec le coffre, ça peut vite doubler). Certains modèles ont même l’Apple CarPlay, ce qui permet d’aller en cours en écoutant JUL à fond.

C’est aussi un argument de drague adolescente. « Salut chérie, j’t’emmène faire un tour ? ». Bon, il faut faire abstraction du bruit de tondeuse, mais ça en jette, non ?

De tous ces arguments, c’est surtout celui de la sécurité que retiennent les parents de ces riches lycéens. Avec leurs carrosseries, en plastique certes, mais tout de même, les Sans P semblent plus sûres qu’un simple scooter. Et puis cela permet de ne pas exposer leurs enfants aux terribles transports en commun de la ville. Il ne faudrait tout de même pas qu'ils se mélangent à la populace.

Moi, ce que je vois là-dedans, c’est que cela perpétue l’amour porté à la voiture dans la cité phocéenne. On l’enseigne dès le plus jeune âge aux marseillais afin de s’assurer de maintenir une industrie automobile florissante pour le futur.

En témoigne Marius, 16 ans : « Sans voiture ? Ça fait deux ans et demi que je suis plus à pied. Sans vous mentir, j’sais pas ce que je ferais hein. Ça me ferait bizarre de remarcher un peu. La lose quoi. »