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Perdre le nord

Sur le mur de ma chambre figure une carte. Tout ce qu’il y a de plus banal. L’extrait d’un planisphère zoomé sur une région donnée, à une échelle 1 :1000. Il faut pourtant s’y reprendre à deux fois avant de comprendre ce que l’on regarde. Ce qu’elle fait apparaitre semble familier mais fait curieusement perdre ses repères.

Cette carte, judicieusement affichée par une personne de bon goût, est centrée sur la mer Méditerranée. Elle a toute sa place dans un appartement marseillais, entre un tableau de l’anatomie d’un pointu et la sculpture d’un banc de poisson.

Je n’y faisais pas vraiment attention au début mais plus le temps passe et plus je me surprends à la scruter. Un simple coup d’œil. Une action rapide, presque inconsciente, mais accomplie de manière quotidienne. Somme toute, le terreau parfait pour créer un nouveau rituel.

La plus-value de cette carte ? Elle met à l’honneur la Mare Nostrum, qui, au fil des siècles, a été le témoin privilégié de la montée et de la chute de bons nombres de civilisations. On y retrouve des noms connus, qui ont émaillé l’Histoire de moments de grâce ou de désespoir.

Cet héritage pluricivilisationnel se retrouve désormais de part et d’autre du bassin méditerranéen. Avec la mondialisation, il infuse doucement à travers le monde. Je choisis d’interpréter cela comme une invitation a toujours regardé au-delà des différences et à tâcher de trouver ce que nous avons en commun.

Pour m’en convaincre, Sabine Réthoré, l’artiste à l’origine de cette carte, a décidé de lui faire faire un quart de tour. Plutôt que d’être orientée Nord-Sud, elle est orientée Ouest-Est. Ce changement de perspective est propice à la réflexion. En opérant une rotation à 90°C, on chamboule tout. Les frontières s’effacent, la proximité fait surface.

On refait le monde ensemble ?