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Prison break

Vivre à proximité de la prison des Baumettes, c’est la porte ouverte à tous les fantasmes. Il faut dire que cette prison a un sacré passif.

Terminée en 1938, elle a d’abord servi de camp pour travailleurs indochinois venus en Métropole pour soutenir l’effort de guerre. Sa fonction de prison a été éprouvée lors de l’occupation allemande avec l’internement de juifs et de résistants marseillais dans l’attente de leur déportation. Revers du destin, les mêmes murs ont emprisonné jusqu’à 6 500 soldats allemands lors de la Libération.

Elle a ensuite vu passer en son sein un grand nombre de détenus. Les plus célèbres étaient des mafieux et des membres de la French Connection. Ils avaient des noms aux consonances cinématographiques : Francis le Belge, Nick Venturini, Jacky Imbert dit Le Mat, Gaétan Zampa, Mémé Guérini, etc.  

Bernard Tapie y a fait un tour après une affaire de corruption footballistique. Hamida Djandoubi y est mort. C’est le dernier à avoir été victime de la guillotine en France.

Il y a également des histoires d’évasion rocambolesque par hélicoptère ou via de faux certificats de fin de vie imminente.

Les Calanques environnantes ont aussi leur lot d’histoires. Il parait que depuis un certain point en hauteur, il suffit de se doter d’un miroir et de connaitre le morse pour entrer en communication silencieuse avec les détenus. Bon, j'imagine que l'arrivée des téléphones portables a rendu cette pratique désuète.

C’est ainsi qu’à chaque sirène de police entendue depuis la maison, mon imaginaire se met en branle.

Les détenus sont-ils en train de se rebeller ? En cas d’évasion, vont-ils venir se réfugier dans l’immeuble ? La vieille folle du 1ᵉʳ va-t-elle leur servir d’otage et périr tragiquement dans une course-poursuite effrénée ? Vais-je enfin pouvoir dormir sans me faire réveiller par ses hurlements à trois heures du matin ?