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Puritain ?

Nous sommes au début des années 2000. Je suis en vacances aux USA avec ma famille. Ma sœur n’a pas plus de 6 ans. C’est encore une toute petite fille. Elle aime les glaces au chocolat, raconter des histoires à sa maman et faire des bisous camembert à son papa. Elle aime aussi barboter dans les piscines des hôtels dans lesquels nous passons nos vacances.

C’est d’ailleurs ce qu’elle fait dans celle de l’hôtel Circus Circus, à Las Vegas. C’est d’autant plus agréable qu’il y fait particulièrement chaud en cette journée de juillet. Le maitre-nageur semble toutefois contrarié. Il va voir ma mère et lui dit un truc qu’elle ne comprend pas. Cinq minutes, il revient à la charge. Ma mère finit par le comprendre.

Il est gêné par le fait qu’une fille, trop petite pour avoir des formes faut-il le rappeler, ose se baigner sans rien pour lui couvrir la poitrine. Il juge cela indécent et nous reproche une atteinte à la pudeur. Les mœurs européennes ont encore frappé… C’est d’autant plus risible que nous sommes à Las Vegas et qu’il y a des prospectus pour des clubs de strip-tease à tous les coins de rue.  

Nous sommes au milieu des années 2020. Le puritanisme américain s’exporte au-delà de ses frontières. Internet est structuré par des entreprises américaines qui imposent au reste du monde leurs règles. Pour rester dans les clous, il faut s’autocensurer. Certaines thématiques ne peuvent plus y être abordées sans risquer les foudres des GAFAM. Les mots susceptibles de choquer le puritain moyen sont bannis de ces plateformes. Le langage y est lisse, policée. Les créateurs de contenu doivent ruser pour contourner ces règles absconses et remplacer certaines lettres par des chiffres pour tromper les algorithmes, flouter certaines parties des photos, etc.

Nous sommes le 16 mai 2024. Je suis dans le métro marseillais et je tombe sur une campagne de publicité de France Naturisme qui tapisse tous les 4*3 de la station. Cela fait du bien.