Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Depuis dix ans, tous les jours de la semaine, je fais le même trajet. Marseille – Aubagne le matin, Aubagne – Marseille en fin de journée. Le trajet m’est tellement familier que je suis en automatique. Et puis cela me donne l’occasion de lire un peu.

Le train est finalement l’unique espace de vie pendant lequel je peux me retrouver seule. J’en profite souvent pour bouquiner. Là, je suis sûre que personne ne viendra me déranger.

Aujourd’hui pourtant, quelque chose va m’extraire de ma routine. En arrivant à la Blancarde ce matin, j’aperçois un attroupement. Comme je suis en avance, je vais voir ce qu’il se passe.

Je vois un pompier accroupi, de dos. Il est affairé au niveau d’une bouche d’égout. Quand il se redresse, la foule tout autour de lui se recule d’un pas en poussant un long cri de surprise.

Le pompier se retourne, les bras tendus devant lui. Dans ses mains gantées se trouve un boa d’un mètre cinquante. Il tient la tête dans la main droite et la queue du serpent dans la main gauche. D’un air très composé, il se dirige vers le camion de pompier où se trouve une boîte pour le serpent.

J’ai hâte de raconter ça aux collègues.