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Tailler la route

Quelle joie d’enfin retrouver un mot sur lequel on buttait depuis des semaines. Et de réaliser qu’en plus, il est joli. En l’occurrence, il faudrait dire ces mots puisqu’il s’agit de lignes de désir ou encore de chemins de désir.

Cela désigne les petits sentiers qui se forment au fil du temps, un peu malgré eux, hors du cheminement prévu. C’est le passage répété des piétons, des cyclistes ou encore des animaux qui en est la cause. Cela leur permet de légèrement raccourcir leur trajet, de se faciliter la vie.

Les plus simples à reconnaitre sont ceux qui traversent des étendues d’herbe. Plus cette ligne de désir est empruntée, plus le gazon disparait et plus l’érosion fait son œuvre.

La neige fait aussi des merveilles pour les dénicher. Une fois le chemin "normal" disparu, les piétons coupent au plus court et créent de nouveaux cheminements.

Au Canada et aux Etats-Unis, certains piétons poussent même la réflexion plus loin. À chaque tombée de neige, et une fois les chasse-neige passés, ils observent sur la route quels sont les passages empruntés par les voitures et ceux laissés vierges. Immanquablement, cela révèle le surplus d’espace dédié aux voitures dans l’espace urbain.

Les piétons des villes nord-américaines se servent donc de la neige pour proposer des modifications de ces espaces et réclamer davantage de trottoirs ou d’îlots de verdure.

Alors célébrons la joie des mots retrouvés et la leçon que les chemins de désir nous fournit.

Parce qu'ils constituent un bon rappel pour tout urbaniste ou même tout designer UX/UI qui se respectent.

Il y a toujours le design prévu, et l’expérience utilisateur. Aller à son encontre, c’est s’exposer à des incompréhensions, voire des difficultés.