Un coup de semonce

C’est la nuit. Il remonte péniblement le boulevard à vélo. Ce soir, il fait particulièrement lourd. Cela excite les zonards de son quartier qui font rugir leurs bécanes, mettent leur scooter en Y. Il les regarde faire en maugréant.

Un moteur de voiture sportive vrombit derrière lui. Elle le dépasse en le frôlant. Là, il pousse un coup de gueule. La voiture est déjà loin.

Une autre arrive derrière lui. Elle va nettement moins vite. Il entend même un coup de frein juste au moment où elle arrive à sa hauteur. Les vitres se baissent. Ce qui ressemble à un pistolet sort de la fenêtre. Il n’a pas de temps de prendre conscience de la situation que la personne en possession de l’arme appuie sur la détente.

Le projectile arrive sur lui au ralenti, comme dans une scène bullet time de Matrix. Il entend des rires bêtes et les pneus qui crissent. La voiture est déjà loin maintenant.

Lui s’arrête. Il a le buste trempé. Du sang ? Il ne ressent pourtant aucune douleur. Des sueurs froides ? Il ne croît pas non plus.

Tout bien réfléchi, le pistolet était étrangement coloré. Alors il comprend. Il s’est bien fait tirer dessus cette nuit. Heureusement, c’était seulement un pistolet à eau.